Engagée en France et dans le monde, cette ancienne professeure de Lettres, écrivain, mène combat, au côté de Boris Cyrulnik, pour permettre la résilience de jeunes – de la naissance à l'adolescence – en carence affective et éducative. En France, on compte par milliers les enfants placés, les orphelins de la DDASS – la "Casse" – non adoptables juridiquement ou les abandonnés sans affection dans leur propre famille biologique. Catherine Enjolet plaide pour inciter davantage d'adultes à adopter affectivement un en enfant ou un jeune qu'elle nomme S.A.F.  – Sans Affection fixe –.

Le lien qui se tisse dans l'apprivoisement réciproque  se fonde sur le désir de don : "Ceux qui ne savent pas donner ne savent pas ce qu'ils perdent"; titre d'un de ses livres le confirme: on s'enrichit de ce que l'on donne.
Privé d'affection un enfant ne peut se développer et se construire ; s'il n'existe pas aux yeux de quelqu'un, s'il est en manque de reconnaissance, sa souffrance psychique l'empêche de trouver du sens à son existence : il risque de devenir de rejoindre le rang des exclus; délinquant ou suicidaire, car l'isolement affectif induit l'isolement social. Un enfant placé perd un quart de développement normal par année de placement ! Or, l'aide sociale est un gouffre financier mais reste impuissante à tisser des liens de sens quand les liens de sang ont failli ; dans la société actuelle de communication virtuelle, l'échange devient rare et la souffrance psychique d'un jeune suscite moins d'empathie médiatique que sa douleur physique : qui souffre de mal-être est souvent rendu responsable de son état.

Les Liens du Sens, rassemble des adultes volontaires, disponibles pour accompagner un enfant "du bout de la rue" en carence affective, éducative et devenir "tuteur de résilience", c'est à dire une figure d'attachement permettant au jeune de se construire, de s'ouvrir au monde et à l'altérité.

L'engagement est à la mesure de chacun : engagement partiel ou de "confiage" permanent confirmé par un statut de délégation. Le parent de confiance ne s'approprie pas l'enfant ni ne l'éloigne de ses origines biologiques quelle qu'elles soient- c'est un double étayage parental qui se construit autour de l'enfant ou de l'adolescent.
Après avoir fondé, en 1990, le Parrainage d'Enfants en France repris désormais par les instances d'Etat comme par les associations,  Catherine Enjolet étend ses Liens du Sens à l'international et  plaide pour une Ecologie humaine, loin de tout charité business ou de générosités tendance:s : on ne s'enrichit que de ce qui ne s'achète pas.
Ceux qui ne savent pas donner ne savent pas ce qu'ils perdent.
 

Catherine ENJOLET - Plaidoyer pour l'adoption affective
Préface de Boris CYRULNIK Pocket, 2011, 114 pages